Marathon de Paris 2018 : back on track

marathon de paris 2018 - bois de vincennes

Mon dernier marathon avait été celui de Paris en 2016. J'avais à l'époque fait une super prépa même si celle-ci avait été entachée par l'apparition d'un trigger point (un genre de sac de nœuds qui se forme dans le muscle) au mollet. A cause du stress, j'avais peu dormi la semaine d'avant et finalement, avec un 25°C au compteur ce jour-là, je m'étais prise le mur au 8e km oui oui, c'est possible et avais lutté pour finir la course. Cette expérience a presque réussi à me dégouter de la course à pied.

Pour l'édition 2017,  j'avais opté pour faire le lièvre sur la course (voir mon récit ici). Je me suis inscrite pour l'édition 2018 sans grande envie et sans grande conviction, juste pour suivre monsieur Bob. Je gardais l'idée en tête de revendre mon dossard si jamais je n'avais pas la motivation pendant la prépa, que j'ai volontairement commencée tard car j'ai fait du cross et un semi-marathon en janvier et février. Finalement, j'ai eu de très bonnes sensations lors de ma sortie la plus longue (29km) 3 semaines avant le marathon, et j'ai décidé de prendre le départ.

Je suis donc arrivée hyper bien préparée, avec un bon mood puisque les dernières courses s'était bien passées (seul bémol, ma voisine qui fait des terreurs nocturnes et qui s'est réveillée en hurlant comme un poulet qu'on égorge à 2h du mat'... pas réussi à me rendormir de la nuit). Comme les 3 dernières années, Météo France annonce un sacré cagnard pour la journée alors qu'on a fait la prépa sous la pluie et la neige.

L'objectif est de finir à 3h45, mais de partir à une allure un peu plus élevée, à 5mn15 au km, tout en sachant qu'à partir du 30e j'aurai probablement du mal à garder l'allure. J'ai de la chance, je suis accompagnée par un collègue de mon club qui vise le même temps que moi et j'ai un super lièvre qui m'attend au 20e km pour m'amener jusqu'à la fin!

J'arrive dans mon sas 20mn avant le départ, retrouve les copains qui sont tous stressés comme moi, on a le droit à Chariots of Fire avant le départ et c'est parti!

Quand je prends le départ d'un marathon, j'ai toujours un petit twist de 5 secondes qui se produit dans ma tête en franchissant la ligne de départ. Je me dis "ok, donc là, c'est parti pour 42km, je vais souffrir comme jamais pour finir par arriver exactement au même endroit dans 4h".

Il fait bon, les coureurs sont heureux et je déroule tranquillement la foulée en suivant bien le rythme que je m'étais imposé. Je déteste intérieurement les marqueurs de course qui sont en décalage dès le début de 100m avec ma montre... Tu croyais avoir fait 3km? Hé ben non, t'es qu'à 2,8... Gnagna.  Je ralentis un peu la cadence pour monter le long faubourg Saint Antoine, où je croise la famille alors que je m'y attendais pas "coucou je suis en pleiiiinnneee forme, profitez-en car ça va pas durer" et grosse séquence émotion en arrivant sur la place Daumesnil car la course passe littéralement devant la porte de chez moi. Il y a une ambiance du tonnerre de Dieu, tous les copains de mon club sont là, les coureurs sont motivés comme jamais...

Le tour du bois de Vincennes se passe sans encombre... D'ailleurs, je ne me souviens pas y être passée. Pourtant il y a bien des photos de moi à côté du chateau avec mes jambes qui partent en canard sur les côtés.

A la sortie du bois, une foule éléphantesque nous attend pour nous encourager. Je n'ai littéralement jamais vu autant de monde que cela sur une course parisienne, je n'en reviens pas. Je suis toujours en forme, mon lièvre me rejoint au 20e km avec des bouteilles d'eau et tous mes petits gels-bourrés-de-sucre-et-bien-dégeulasses.

Je suis sur un petit nuage, portée par la foule qui se fait encore plus dense à Bastille et le long des quais de Seine. Mon rythme est on ne peut plus régulier, à 4 secondes près je passe tous mes km au même temps. Lors de mes deux derniers marathons, j'avais pris le mur au 25e km la première fois, et au 8e la deuxième. Je ne suis pas peu fière d'arriver au 28e en superbe état physique :) Pas de crampes à l'horizon, j'ai bien bu, bien pris mes gels...

La chose la plus moins merveilleuse sur le parcours du Marathon, ce sont les tunnels (#beurk)... Une espèce d'enfilade de sa mère la morue de tunnels qui te saccagent les pattes en l'espace de 1,5km. Et me voici donc sortie du dernier tunnel avec les mollets qui crient à l'aide/au massage, mon mental qui me dit d'aller me faire astiquer les doigts de pied, une envie d'être sous mon plaid à regarder une série à la con pendant qu'il pleut dehors.

J'informe mon lièvre que "ça commence à être dur et en plus, y'a la côte du 33/34e qui arrive, je ne sais pas comment je vais faire". Réponse du lièvre / arroseur en question: "rien à foutre de la côte, tu vas la bouffer".  Je le trouve bien optimiste mais je continue. Passée la fameuse côte qui m'a bouffé les dernières ressources qu'il me restait, je jure que "je ne sais pas ce que je fous là encore une fois, j'avais oublié à quel point c'est dur, on ne m'y reprendra plus jamais" avant d'engloutir mon dernier gel, celui du 35e km au beurre salé. Toute la course j'attendais ce fameux gel coup de fouet au goût que j'adore et qui me rappelle mes étés en Bretagne. Finalement, l'effet est plutôt du genre "blurrrrp ce truc est tellement sucré que ça me pique la glotte".

dans le dur au marathon de paris
Dans le gros dur...

Mister Lièvre essaie de me motiver, me sort des paroles rassurantes et encourageantes. L'intention est bonne mais je finis par l'arrêter. Le combat est maintenant dans ma tête. J'ai besoin de sa présence à côté de moi, mais j'ai besoin d'être le moins possible confrontée à la réalité. Je me concentre sur un point au loin et essaie au maximum de sortir de mon corps, comme si je méditais, pour éviter de penser à la douleur.

Mon rythme au km est passé à 6mn. Je m'en fiche, j'essaie juste de trouver le courage d'aller jusqu'au bout. ça me semble interminable, je fais des calculs à tout va me disant des trucs du style "plus qu'1km et on sera à 3km de la fin"...

Finalement, la ligne salvatrice pointe le bout de son nez. Mon lièvre me lâche son dernier petit mot d'encouragement "franchement bravo, ce que tu as fait est incroyable, chapeau bas". Je tente d'accélérer pour la dernière ligne droite mais mes jambes lancent une rebellion contre mon cerveau en me donnant des petites décharges électriques qui présagent les crampes à venir.

Je passe l'arche d'arrivée et m'arrête net. Impossible d'avancer, je marche littéralement comme un robot, les gens croient que je suis blessée... Comme les fois précédentes, je n'arrive pas à savoir dans quel état psychique je suis... Exténuée, triste et contente que ça soit fini, j'ai l'impression qu'on me plante des clous dans chaque millimètre carré de mes jambes et je pleure rien qu'à imaginer comment je vais faire pour sortir de mon lit demain...

photo finisher marathon de paris
Tronches de finisheurs
avec Bob

Le temps final est de 3h51mn03sec. C'est marrant cette faculté que j'ai à terminer toutes mes courses de la saison à +3 secondes. Je suis tout de même hyper contente du résultat. Je me jure encore une fois de ne jamais retenter l'expérience, j'ai pris la revanche que je devais prendre sur 2016, tout en sachant que demain je changerai déjà d'avis.


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