L’an dernier j’avais couru le semi de Barcelone et j’avais adoré. Un super parcours, des super sensations, et un joli record perso en prime (1h36mn59 - encore une fois la seconde a son importance). J’ai progressé depuis, et j’ai soif d’un nouveau RP sur semi encore plus que d’un verre de Coteaux-du-Layon. 

J’ai pas très bien dormi car j’étais excitée comme une puce. Du coup, je me sens un peu comme quand je me fais réveiller par SMS publicitaire de Sodexo à 4h du matin… 

J’ai la chance d’avoir non pas 1 mais 2 lièvres pour cette course. Ça s’est décidé au dernier moment la veille, un collègue de club et son pote qui voulaient aider une française au gros Q. Objectif : 1h34mn59.

Sur la ligne de départ, je me sens pas motivée… Je crois que j’ai fait trop de courses dernièrement et que ça ne me rend plus trop euphorique. Un peu comme quand tu manges tes pâtes fourrées préférées (champignon/noix) 4 jours d’affilée… 

5.4.3.2.1 du speaker. Je me rends compte que je suis à Barcelone depuis 6 mois et que je ne sais toujours pas compter jusqu’à 5 en catalan.

SPOILER : je n’ai pas réussi à atteindre mon objectif. 

C’est marrant comme les sensations d’une fois à l'autre sont différentes. J’avais adoré le parcours l’an dernier. J’ai motivé plein de gens à s’inscrire en disant à tout va vous verrez c’est tout plat. Cette année j’ai l’impression qu’il y a des faux-plats partout. 

Dès le début je ne prends pas de plaisir. J’ai un mal de dos qui me vient très vite et je ne pense qu’à Juliette, ma chiropraticienne, et je rêve qu’elle me soulève un grand coup en faisant craquer tous mes os jusqu’au petit doigt de pied. J’ai un ongle qui me fait mal de ma dernière course. J’ai pas envie.

J’arrive à maintenir le rythme visé jusqu’au km14. Et puis là, y'a une longue ligne droite en plein cagnard. Oui, parce-que je me la raconte souvent avec mes photos en plein soleil à Barcelone, mais courir un semi à 18°C (à l’ombre, donc 24°C au soleil) au mois de février, c’est pas humain. Je surchauffe. Et l’aller retour de 2,5km interminable sur l'Avenue Diagonale où l'on voit les coureurs de l'autre côté achève mon moral / mental. Il reste 6km, je n’ai absolument plus envie de courir, et j’ai besoin de me racheter un ongle de doigt de pied car j’en ai un qui est en train de me lâcher. 

Reste donc 6km à se trainer jusqu’à l’arrivée. Miguel, lièvre qui n’abandonne pas son boulet de coureur, me dit qu’il faut revoir l’objectif à la hausse. Je me vois faire 1h40 mais je m’en fous, j’ai juste envie que ça s’arrête et de manger mon Magnum Chocolat-Noix de Coco que j’ai acheté hier en guise de récompense.

Je me cherche des excuses à tout va, parce-que j’ai besoin de déculpabiliser. Non mééé tu travailles beaucoup, t’es fatiguée, c’est normal que tu n’y arrives pas. Non mééé c’est tes chaussures, je t’avais bien dit qu’il fallait en acheter des nouvelles, c’est une très mauvaise idée de courir avec des shoes qui ont déjà 1000km dans les pattes… T'avait qu'à pas boire autant au Camp Nou mercredi...

Au dernier km, je passe devant la Sagrada Familia. J’avais pas vu qu’elle avait autant monté dernièrement… 

Je passe sous une dizaine d'arches, comme l’année dernière avant d’arriver sous l’arche finale. Je suis lessivée, j’ai les mollets qui crampent et j’en ai marre. J’ai l’impression d’avoir couru un marathon complet. 1h37mn53 au final, je ne suis qu’à 54 secondes de mon record. Je pensais que ça serait pire. 

Photo finisher-de-la-loose avec mes lièvres, j’attends Bob qui n’est pas content non plus de sa course, on récupère la médaille-en-toc et le poncho-fashion-week logoté Edreams. Comme l’an dernier, on va se faire masser (personne n’a encore l’air au courant qu’il y a des masseurs à l’arrivée). Quel pied de se faire chouchouter les ischios par 2 masseuses.

Rentrage à la maison. Sieste. Magnum chocolat/noix de coco. Sieste.

Rideau de fin. A l'année prochaine.

avec mes deux lièvres de feu

Fashion week