Midnight Trail Barcelona - mon premier Trail

Je n'ai jamais été très attirée par le Trail... Voire même, c'est quelque chose que j'ai toujours un peu regardé avec des grands yeux de loin. Voir tous ces gens habillés avec des chaussures moches à crampons couverts de boue, affublés d'équipements dignes d'une descente en plein coeur d'une crevasse me donnait l'impression de voir les figurants du clip Party Rock de LMFAO. Aussi, je ne comprenais pas comment on peut aimer faire des côtes, encore moins pourquoi on a le droit de marcher dans les montées alors qu'il s'agit de course-à-pied-René! Ma dernière course en date, c'était le Marathon de Paris (lire mon compte-rendu ici), et je me sentais un peu en manque d'énergie depuis, bref, il me fallait une course pour me remettre dedans.  

Fraichement installée à Barcelone, j'ai cherché une course pour m'obliger à reprendre un rythme, et voilà-t'y-pas qu'au gré de mes recherches, je tombe sur un Trail de 15km à Barcelone même. Aubaine. Je me dis que c'est le moment de tenter de nouvelles expériences. Me voici donc inscrite à mon premier Trail, avec Bob.

Premier réflexe : envoyer un message à mes copines traileuses. Réponse des intéressées : "ahhhhh génialeuuuh, combien de dénivelé positif?". Réponse de ma personne "800 mètres". Réponse des intéressées : "euh, c'est beaucoup pour un premier non?". Réponse de ma personne "Ah bon? Ah et j'oubliais, c'est de nuit aussi". Voili-voilou...

dossard barcelona midnight trail
Mon dossard : madame 329

pack du coureur Barcelona Midnight Trail
Pack du coureur. Validé le YogiTea.

Avant la course 

J'ai reçu un e-mail de l'organisation quelques jours avant la course avec des informations concernant la nutrition. Effectivement, avec un départ 21h45, je ne savais pas trop quoi et quand manger. Ils nous recommandent un sandwich de tortilla 3h avant le départ. Pour ceux qui ne le sauraient pas, la tortilla c'est une omelette de pommes de terre bien épaisse. Ça tombe bien, Bob et moi on adore la tortilla. C'est donc parti pour un avalage de baguette bourrée de tortilla, et puis on en reprend plutôt deux fois qu'une parce-que c'est trop bon, et on fini par une petite touche sucrée de congolais au chocolat, là aussi plutôt deux fois qu'une parce-que-c'est-trop-bon. Bref, un bon gros pétage de bide qui nous assomme bien comme il faut. Résultat des courses, 2h après on a toujours la tortilla sur le ventre, on est devant une série sympa et on n'a vraiment pas envie de se bouger. En plus on vient de terminer un épisode qui laisse planer un gros suspense. La motivation n'y est carrément pas.

On arrive à se trainer hors du canap'. Je cherche mes vêtements les plus bariolés possibles et les moins assortis, histoire de ressembler à une vraie traileuse. En guise de lampe frontale que je n'ai pas, je prends ma dorsale. Pas de chaussures de trail, je prends mes vieilles shoes qui ont 1000 bornes dans les pattes et que je compte bien déchirer sur la course pour les jeter à la poubelle après.

Nous voilà donc dans la rue à chercher la bagnole-qu'on-sait-plus-où-elle-est-garée. Une fois dans l'habitacle, on se regarde avec un air de "on n'y pense pas assez à faire des trails le vendredi soir à 22h".

La course

Arrivés sur place, au pied de l'église du Tibidabo, le speaker est en feu, on a l'impression qu'il est au mariage de sa soeur tellement il est heureux. Y'a du raggaeton-à-fond-les-ballons, ça nous casse les oreilles, on est fatigués et vraiment pas dans le mood. "On s'échauffe?" "Bof, on s'en fout non?"

Je prends le départ avec ma tortilla qui m'a tellement blindée que ma brassière me serre, et ma dorsale me serre. J'ai la désagréable sensation d'être super-saussissonée... C'est parti pour 15km de plaisir à se trainer, en plus il va y avoir des montées et j'aime pas ça.

Le premier km consiste en une descente / dévallage du Tibidabo. Tout le monde va à fond la caisse, je suis entrainée par la foule et j'ai un point de côté au bout de 300m.

Au km2, on se retrouve dans un petit sentier tout petit où on avance les uns derrière les autres. Il y a des racines, des cailloux, de la roche... je manque de glisser. Et là... qu'est ce que j'entends derrière? UN FRANÇAIS. C'est marrant, on reconnait souvent les français à l'étranger avec cette manière de parler bien fort en pensant que personne ne va comprendre. En l'occurence, le commentaire désagréable me concerne "forcément qu'elle va se croûter elle, avec ses chaussures lisses et sa lampe de camping".  (commentaire qui m'énervera à chaque fois que j'y repenserai pendant la course, surtout qu'au final, mis à part sur cette portion, je n'aurai pas l'impression d'être pénalisée par le fait de ne pas avoir de chaussures de trail).

On descend encore de 3km, vraiment à pic... Ça m'effraie car je vois tout ce qu'il va falloir remonter.  Je ressemble à un robot au milieu de tout le monde : ma foulée est beaucoup moins souple que les autres coureurs. Il y a une sorte de technique de descente en trail... Un genre de lâcher-prise. Mon entraineur me disait qu'il faut regarder au loin, le cerveau enregistre ce qu'il y a devant... Sauf que je n'ai pas envie de tenter l'expérience ce soir, parce-qu'on est entourés de ravins.

Les km5 et 7, sont tout plats, on est sur la carretera de les aigües, un endroit où les sportifs aiment se retrouver le dimanche pour aller courir / faire du vélo. On a une vue sur Barcelone de nuit, avec les paquebots illuminés à l'horizon, et le Tibidabo illuminé au dessus de nous. Dommage je n'ai pas mon appareil photo.

Km7. Ravitaillement. Je prends une sorte de barre énergétique qui a l'air appétissante et qui a en fait un goût de gouda à la cannelle. C'est dégueu et ça me reste sur le coeur, en sus de la tortilla.  Bref, c'est la course où je fais tout ce qu'il ne faut pas faire. Voilà donc le début officiel du trail dans ma tête : ça monte. Un km entier à escalader une montée verticale. Avec des escaliers et tout. On remonte la moitié de ce qu'on a descendu. Tout le monde marche, j'ai les cuisses et les mollets qui me brulent...

Pas très photogénique après 1km d'escalade.

Ouf on a un peu de plat et de descente sur les 2 km qui suivent... Les 5 derniers km montent progressivement jusqu'à la place du départ, là où il y a l'arrivée. Au début j'alterne marche et course, je sens mon petit coeur qui bat bien vite. Globalement mon corps a du mal à comprendre ce qui lui arrive. Ma tête comprend, elle, bien pourquoi mes copines qui se sont mises au trail ont chopé un magnifique fessier depuis. Finalement, j'arrive à trouver une technique pour être plus efficace en montée et je trottine doucement jusqu'à l'arrivée.

J'accélère sur la "ultima curva" (c'est un bénévole qui me le dit), je me vois déjà franchir la ligne d'arrivée à tout blinde avec un grand sourire.... Et là... je vois qu'on monte les escaliers de l'église du Tibidabo. Je me dis "ouaahhh, les fumiers, ils nous font faire le tour de l'église alors qu'on est crevés". PIRE. J'avais déjà couru sur un circuit, dans le stade de France vide, dans un tunnel... mais encore jamais dans une église... On entre dans le choeur, ET... on nous fait monter au clocher... J'éclate littéralement de rire, nerveux. Je demande à la nana de devant "Vamos al Top?". Réponse : oui, tu n'étais pas au courant? NON.

Effectivement, je n'avais pas étudié le parcours DU TOUT. Donc le clou du spectacle, c'est la montée et la descente de l'église du Tibidabo, par les marches. Et là ça pique. La vue de là-haut est chouette, mais je jette juste un coup d'oeil tellement j'ai envie d'en finir.

Barcelona midnight trail
Entrée dans l'église du Tibidabo

Barcelona midnight trail
Grosse foulée bien grasse

Redescente. Ligne d'arrivée cette fois. Le speaker-qui-a-marié-sa-soeur me fait un check.

On me propose gentiment un sandwich saucisse à la tomate mais merci-mais-non-merci, j'ai toujours pas faim.

Bref j'ai fait du trail. Mention spéciale pour Laurent, qui m'a appris le lendemain qu'il y avait un ascenseur dans l'église du Tibidabo.

arrivée Barcelona midnight trail
Je souris... c'est que j'ai tout de même passé un bon moment!

Conclusion 

Une super organisation pour un aussi petit évènement (550 participants). D'un point de vue expérientiel, ça restera un bon souvenir de monter en haut de l'église du Tibidabo. 

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