Je n’avais pas fait de course depuis le semi-marathon de Barcelone en février. 3 longs mois sans objectifs. Bob travaille chez SEAT (il devient de moins en moins anonyme au fur et à mesure), dans un petit bled qui s’appelle Martorell. Martorell est une ville affreuse, qui donne la même impression que lorsqu’on arrive en plein milieu du port du Havre. Une grosse zone industrielle bien dégueulasse en somme. La raison : SEAT. La marque espagnole de bagnoles y a établi son siège et son usine. 15000 personnes y travaillent quotidiennement, auxquelles il faut ajouter toutes les entreprises attenantes intimement liées à SEAT qui emploient elles aussi tout un tas de braves gens. 

Tous les ans, SEAT organise sa course. Genre pas une petite course de kékés, mais une VRAIE course super bien organisée avec 4500 personnes et tout le folklore que l’on connaît. Un 5km et un 10km, avec une boucle tout autour du site SEAT et un passage complètement inattendu dans l’usine, au milieu des chaines de montage. En revanche, pour avoir la chance de participer, il faut être une personne exceptionnelle. Ou plutôt connaître quelqu’un qui travaille chez SEAT. 

L’année dernière, j’y avais participé après mon marathon de Paris et je m’étais classée 5ème avec un temps de 46mn. Je m’étais dit « l’année prochaine, je monte sur le podium ». Nous voici donc à l’année prochaine. 

J’arrive le jour J sans prépa spécifique, avec le gros barbeuk avec les copains de la veille sur le bide. Autant dire que la prépa podium n’a pas été optimale. 

Ambiance raggaeton-à-fond-les-decibels comme dans toutes les courses espagnoles. Le pan du départ est donné par un mec que nous avons décidé de surnommer DJ Violon avec Bob : un gars qui nous joue Eyes of Tiger avec un violon débarqué des années 2200 et une gestuelle empruntée à André Rieu quand il était jeune. 

Pour résumer ma course : j’ai couru vite au départ, je me suis dit qu’il faisait chaud, il y a eu une petit côte, on est passé dans les usines et j’ai pensé « il faut vraiment que j’écrive un article sur les endroits bizarres dans lesquels j’ai couru », il y a eu une petite descente, la deuxième boucle a commencé, je me suis dit qu’il faisait encore plus chaud, j’ai essayé de tenir un rythme digne ce de monde, j’ai trouvé les lignes droites trop droites et trop longues et j’ai pensé qu’il manquait des arbres.

Depuis 3km avant l’arrivée, j’entends les gens me crier que je suis la troisième femme la tercera mujer. Je m’accroche à cette idée en me disant que sous aucun prétexte je ne laisserai une meuffe me dépasser. Je manque même d’égorger un enfant de 12 ans qui me double car je le prends pour une femme.

200m avant l’arrivée. Je prépare mon sprint final. ET LA… j’entends monsieur le speaker de la course hurler « et voici que la 3e femme passe la ligne d’arrivée, bravoooo à elle ». Douleur, incompréhension, désespoir profond. Je ne comprends pas… Me voici donc en train de passer la ligne d’arrivée en 4ème position. Médaille en chocolat. Gros seum intersidéral. Sur la photo finisher, on dirait que j’ai passé 3h dans un bus avec 150 enfants tellement j’ai l’air dégoutée. A noter que j’ai quand même tanné les copains pour rester jusqu’à la remise des coupes, pour voir s’il n’y avait pas un homme qui aurait pris ma place sur le podium. 

Pour bien enchainer la journée, on regardera la color run des petits (je n’en avais jamais vu et c’est trop drôle), on mangera tout un tas de tapas dans un petit chiringuito au bar de la plage, et on finira par faire une loongue sieste sur la plage qui me vaudra une tête toute rouge de femme qui a bu tout le dimanche alors qu’elle a couru en plein cagnard…