Mission du jour : meneuse d'allure

Retour sur une chaude journée de juin 2018, juste avant que je ne fasse mes valises et mes cartons pour Barcelone. Mon club de course à pied parisien, la SAM Paris 12, organise tous les ans une course de 10km, les foulées du 12e. Cette année, la course était placée sous le signe de la lutte contre le braconnage du grand singe en Ouganda. 

Pour chaque édition, nos entraineurs proposent à un certain nombre de coureurs du club d'être meneur d'allure. J'avais été bénévole pour les éditions précédentes, comme 120 autres coureurs de mon club, mais j'ai été super contente de me voir proposer la flamme de la meneuse d'allure 50 minutes cette année.

J'avais toujours rêvé d'être meneuse d'allure. J'aime faire le lièvre et accompagner des amis sur les courses (voir quand j'ai été lièvre sur le Marathon de Paris en 2017), je suis connue pour être une horloge suisse, et ce depuis longtemps : pendant les cours d'endurance au collège, je passais tous mes tours de stade à 1 seconde près. 

Bon, j'avoue que je me suis quand même un peu mis la pression : 50 minutes, c'est 5mn au km, je suis largement capable de le faire mais c'est vrai qu'après le marathon, j'avais une baisse de régime, et en plus les températures commençaient à monter crescendo... et mon petit cardio a du mal supporter la chaleur.

La course 

Jour J : petit échauffement à la cool avant de rejoindre mon SAS et mes coureurs. Je me présente et leur explique que je vais être très régulière, ils peuvent me suivre sans problème, je ne partirai pas comme un boulet de canon pour ralentir à la fin ni l'inverse... Je sens les gens en plein questionnement comme cela peut m'arriver aussi sur une ligne de départ : j'espère que je vais pouvoir te suivre, je ne suis pas sûr d'y arriver, on va essayer de te tenir le plus longtemps possible...

meneurs d'allure sam paris 12
Avec les copains meneurs d'allure
PAN du départ (donné par Boris Diaw, ancien joueur de l'équipe de France de Basket, et croyez moi que j'ai la larme à l'oeil car avant ma carrière de coureuse-pas-professionnelle, j'étais basketteuse-pas-professionnelle). 

Je pensais que je devrais donner le tempo à mes coureurs mais finalement, c'est plutôt moi qui me règle sur eux. Ils visent tous 50mn et partent au bon rythme, je n'ai plus qu'à suivre leur foulée tout en restant devant.  La différence, c'est que moi je peux parler :) Je leur signale les obstacles, je leur dis que "attention ça tourne dur à gauche dans 100m", "préparez-vous pour le ravito"...

Globalement, pendant les 6 premiers km, je n'ai pas l'impression de servir à grand chose. J'ai un peu l'impression d'être un sapin de Noël qui est là pour faire joli avec sa flamme de meneur d'allure high-tech. Et après les choses se corsent. Je commence à entendre derrière moi le fameux-mec-qui-respire-fort que l'on retrouve sur toutes les courses, et je sens que les gens commence à en chier grave. Je prends le relai et balance des cris-de-guerre du monde entier pour que tout le monde s'accroche.

Le troupeau derrière moi s'amenuise progressivement, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que 8 coureurs autour de moi au km9. Nous perdons 2 coureurs pendant les 500 derniers mètres qui n'ont pas la force de maintenir la cadence, nous en avons 2 qui nous doublent pour  faire un joli sprint final. Les 4 autres coureurs accélèrent doucement jusqu'à la fin et je les suis imaginez sinon la loose de la meneuse d'allure qui arrive toute seule sur la ligne d'arrivée juste parce qu'elle voulait absolument faire 50mn.

lucette meneuse d'allure
Presque fini

Résultat des courses 

Mon chrono indique 49mn49. Je veux pas me la péter, mais je trouve que j'ai assuré grave. Tous mes km sont entre 4mn57 et 5mn02, sauf le dernier, un peu plus rapide.  Mes coureurs viennent me remercier, c'est un moment privilégié pour moi que de discuter avec eux : un me raconte qu'il a commencé à courir il y a un an pour perdre du poids, une autre me dit que c'était son objectif depuis 2 ans de passer sous les 50mn, un autre me raconte qu'il a repris la course à pied il y a 6 mois après une longue blessure et qu'il est trop content de ses sensations du jour, un autre est heureux de faire son record personnel devant ses enfants le jour de la fête des pères... Que de parcours et de sourires.

lucette et boris diaw
Petit kiffe personnel, la photo avec Boris Diaw

Avoir été meneuse d'allure est l'un de mes meilleurs souvenirs de course à pied, j'espère pouvoir réitérer l'expérience, peut-être sur un semi-marathon, qui est ma distance fétiche.

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